La réalité augmentée et le e-commerce font bon ménage, nous vous en parlons régulièrement sur ce site. Aussi, lorsque la société mode-in-motion.com a mis en ligne son application d’essayage de montres, nous sommes allés poser quelques questions à son gérant Christophe Lagrange.
Bonjour Christophe, peux-tu en quelques mots nous présenter mode-in-motion.com ?
Bonjour Grégory, mode-in-motion.com est un e-commerce spécialisé dans l’horlogerie-bijouterie.
L’entreprise se résume ainsi : une vingtaine de personnes, 80 marques et 6 500 références en stock, 100 000 clients, 2 pays couverts (France et Allemagne).
Vous avez mis en place, le 14 février dernier, un système d’essai en ligne (sur le site internet ou grâce à une application mobile) utilisant de la réalité augmentée. La question est basique mais pourquoi avoir choisi cette technologie ?
Nous oeuvrons sur un marché complexe, nos clients ainsi que nos fournisseurs (les marques) attendent de nous l’excellence.
La notion de services est essentielle chez Mode-In-Motion. Nous nous devons d’offrir une logistique sans faille, un service après vente de qualité et bien entendu une relation clients exemplaire. Et c’est précisément parce que nous sommes à l’écoute de nos clients que nous avons décidé il y a deux ans d’envisager l’implémentation d’une solution de réalité augmentée. En clair, nos clients expriment le fait que pour eux, ne pas pouvoir essayer une montre avant de l’acheter est un frein majeur.
Nous avons donc entrepris d’offrir à nos clients, et aux internautes qui ne nous connaissent pas encore, la possibilité d’essayer les montres à taille réelle, quelque soit leur device (desktop ou mobile).
Quelles est, selon toi, la principale difficulté que vous avez du relever ?
De l’idée à la réalisation, la démarche a été particulièrement complexe.
Tout d’abord, il a fallu intégrer la création en 3D des modèles que nous vendons. Au lancement, ce sont plus de 1 000 montres qui sont déja disponibles. Nous avons donc dû définir des process de création des modèles 3D et les industrialiser pour faire baisser les coûts très élevés de la démarche mais aussi réduire le facteur temps. Désormais, nous sommes en capacité de mettre en ligne 400 nouveaux modèles 3D chaque mois.
Ensuite il a fallu rendre possible le fonctionnement de la 3D sur un simple navigateur web, ou sur un smartphone, en garantissant la fluidité de l’essai. Ce qui n’a pas été simple car qui dit qualité des modèles 3D dit aussi lourdeur des fichiers. Nos modèles 3D sont hébergés via le cloud et accessibles depuis l’application en mode SAAS. Il a donc fallu optimiser l’infrastructure pour que le temps de chargement de chaque montre soit fluide.
Enfin, il était nécessaire de travailler sur l’usage. La réalité augmentée n’a pas encore été massivement adoptée par le grand public. Nous devons donc permettre à l’utilisateur d’utiliser le service de la manière la plus naturelle possible. Nous voulons que notre « essai en ligne » s’impose comme une évidence à nos utilisateurs et avons donc tenté de créer une expérience d’essai la plus ergonomique possible.
As-tu des retours des utilisateurs ? Qu’en pensent-ils ? Est-il déjà possible de voir une effet sur les ventes ?
Oui, nos clients apprécient ce nouveau service, d’autant que la promesse délivrée est que l’essai est à taille réelle. Il est trop tôt pour parler de ROI mais nous voyons une hausse significative de la conversion chez ceux de nos internautes qui ont utilisé le service d’essai en ligne.
Pour la suite, nous allons rester vigilants aux retours clients et continuer à améliorer l’usage.
Sans relever de secret, comment vois tu l’évolution de ce service ?
Nous avons beaucoup d’idées et de projets autour de la généralisation de l’essai en réalité augmentée que je ne peux révéler pour le moment.
Précisons simplement que la généralisation de la réalité augmentée est une première dans notre métier et que nous entendons conserver une longueur d’avance grâce, entre autre, à l’expérience que nous sommes en train d’acquérir.
Une dernière question plus large : comment vois-tu évoluer les usages de la réalité augmentée dans les années qui viennent ?
Je ne suis pas certain que la réalité augmentée se généralise dans l’e-commerce. Tous les marchés ne sont pas aussi adaptés à cet usage que le marché de l’horlogerie-bijouterie ou encore l’optique. On a par exemple vu que le grand public ne l’a pas adoptée sur le marché du meuble. Il faut dire qu’il n’est pas évident d’essayer un nouveau canapé dans son salon grâve à la réalité augmentée alors qu’il faut au préalable….vider le salon…
On sait également que l’essai en ligne de vêtements ne sera pas possible tant que nos appareils n’embarqueront pas de vraies caméras 3D permettant de définir avec précision la morphologie de l’utilisateur.
Je crois plus au développement de la réalité augmentée dans les magasins de prêt à porter. La tendance évolue vers le showrooming, faisant des magasins un endroit ou vivre une expérience de marque. Le magasin se prête également mieux à l’utilisation d’appareils dont les capacités de calcul permettront un essai fluide de vêtements qui pourraient s’adapter en LIVE à l’utilisateur.
La question est alors de savoir quelles marques prendront la décision d’investir suffisamment pour déployer en très grand la réalité augmentée dans leurs réseaux physiques ?
En dehors des secteurs marchands, il me parait évident que l’interaction que permet la réalité augmentée est tout à fait adaptée à la création d’expériences fortes dans l’univers du jeu vidéo.
Merci Christophe pour ses réponses et rendez-vous sur mode-in-motion.com pour essayer le service.
Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.