SIREA, la réalité augmentée pragmatique en industrie

Ana Monreal Vidal

Ana Monreal Vidal

Nous parlons beaucoup des utilisations possibles de la réalité augmentée dans l’industrie sur ce site. Nous sommes allés cette fois à la rencontre de SIREA pour comprendre l’utilisation de cette technologie par une entreprise dont ce n’est, à la base, pas le métier. Ana Monreal Vidal, directrice de SIREA Espagne, nous en dit plus !

Bonjour Ana, pourrais tu nous présenter en quelques mots Sirea group et son parcours ?
Le Groupe Sirea est né à Castres en 1994, et  compte 2 filiales: une en Espagne et une autre au Burkina Faso. À Sirea, nous avons deux composantes principales, le domaine de l’automatisme et le domaine de l’électricité industrielle. Après plus de 20 ans de parcours nous avons développé notre propre gamme de solutions de contrôle et supervision.

Même si nous intervenons dans différentes domaines industriels, nous sommes fortement placés dans le domaine de l’énergie. À partir de notre expertise dans les deux domaines de l’automatisme et de l’électricité industrielle, cela nous semblait important de réunir les deux savoir-faire de notre entreprise autour d’une activité commune, qui est le pilotage et le contrôle de l’énergie et du réseau.

Comment l’entreprise en est-elle venue à s’intéresser à la réalité augmentée ?

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Affichage de paramètres en réalité augmentée (c) SIREA

Dans le domaine de l’automatisme, nous sommes fabricants, pas seulement des automates et des systèmes de supervision, mais  nous avons aussi développé nos propres solutions logiciels, tant pour la programmation de nos propres automates, que pour la supervision de systèmes et la réalisation de synoptiques de contrôle ou SCADAs. Nous avons donc aussi une équipe de spécialistes dans le développement logiciel industriel.

Avec le contexte de ce savoir-faire, et par les circonstances de la vie, nous sommes tombés il y a quelques années sur la technologie de la réalité augmentée, qui nous a été présentée plutôt dans le contexte purement marketing. On a vu un énorme potentiel à amener cette technologie dans le domaine de l’industrie, qu’on connaissait bien depuis longtemps. Comme vous le savez bien, c’est une technologie très intuitive et avec le grand avantage de pouvoir placer l’information dans l’espace, là où on a besoin, au moment où on a besoin.

Notre premier développement a été fait en interne avec l’idée de déporter des écrans des automates juste en utilisant des QR codes. Cela nous permettait d’économiser les écrans physiques et de multiplier le positionnement des écrans de façon illimitée. Nous avons été la première entreprise (et pour l’instant, la seule qu’on a pu constater) à offrir nos clients de façon complètement gratuite un logiciel sur Android qui permet aux utilisateurs de façon très simple de créer ses propres écrans virtuels pour gérer les automates Sirea. Mais à partir de ce premier développement on a vite trouvé l’intérêt de développer des applications dédiées pour l’industrie en intégrant la RA. C’est à ce moment-là qu’il a été créé un équipe spécialisé et une marque a été enregistrée : iAR (Industrial Augmented Reality).

Quel est pour vous le premier bénéfice de l’utilisation de la RA ?

Affichage des caractéristiques en réalité augmentée (c) SIREA

Affichage des caractéristiques en réalité augmentée (c) SIREA

C’est compliqué de parler du premier bénéfice de l’utilisation de la RA, car les bénéfices sont nombreux. Mais si on devait parler juste d’un, on pourrait penser à l’optimisation des procédures (optimisation en temps, en argent et en sécurité). Pour comprendre ça, il faut déchiffrer les principaux avantages de la RA :

  • Déjà, c’est une technologie très simple et intuitive, ce qui permet à n’importe qui de pouvoir suivre des indications faites en RA : les techniciens peuvent être plus autonomes, car ils sont renseignés et guidés par l’outil, et le temps dédié à former le personnel récemment recruté ou le personnel des compagnies en sous-traitance est drastiquement réduit.
  • C’est une technologie qu’on peut intégrer dans des dispositifs conventionnels, donc il n’y a pas besoin de faire un grand investissement sur un hardware dédié. Nous parlons principalement des téléphones portables et des tablettes. Ces dispositifs, en plus, on les maitrise tous aujourd’hui, car on les utilise presque pour tout, et les nouvelles générations, qui sont celles qui commencent déjà à nous remplacer, les maîtriseront de plus en plus. Peu à peu, on intégrera la RA sur des lunettes de réalité augmenté, ce qui va nous permettre de laisser les mains livres, mais pour l’instant c’est un marché qui n’a pas encore explosé (il ne manque pas grand chose, par contre !).
  • Les appareils d’instrumentation n’ont plus besoin d’inclure un écran dédié pour pouvoir voir les valeurs (par exemple un débitmètre), ce qui réduit énormément les coûts d’investissement des nouvelles installations. On passe à avoir un écran qui sera emporté par le technicien, et pas centaines d’écrans distribués par l’installation.
  • L’information peut être placée dans l’espace là où on veut et au moment où on la veut. Un exemple simple : si nous devons appuyer sur un bouton d’une machine, mais on doute entre un bouton ou le bouton qui est à côté parce que nous ne maîtrisons pas l’équipement, le système peut nous indiquer exactement le bouton précis à actionner avec une signalisation virtuelle dans l’espace. Et ça, ce n’est pas le futur, c’est le présent.

Dans vos différents tests, que retenez-vous qui fonctionne, et qu’est-ce qui ne fonctionne pas ?

Au niveau technique, nous avons été très pragmatiques à l’heure de développer et d’implémenter des systèmes intégrant de la RA, donc nous n’avons pas essayé de développer des outils trop ambitieux, mais juste pratiques. Donc, si on parle de technique, on pourrait dire que tous les tests que nous avons fait jusqu’au présent, ont toujours fonctionnés.

Par contre, au niveau pratique ou d’usage, nous nous rendons compte qu’effectivement, pour certains profils d’utilisateur, avoir les mains occupées par la tablette pendant qu’ils font une intervention, c’est un grand inconvénient. C’est dans ce point-là que nous retenons qu’il faut chercher des solutions pratiques qui ne supposent pas un ennui à l’utilisateur, mais une aide. Nous attendons donc avec impatiente la sortie sur le marché des nouvelles générations de lunettes de RA, car les modèles que nous pouvons trouver aujourd’hui, pour l’instant, ne répondent pas parfaitement à nos perspectives qui envisagent un usage généralisé dans l’industrie.

Sans trahir de secret comment Seria compte utiliser la RA dans les prochaine années ?

Nous avons trouvé trois domaines principaux sur lesquelles la technologie de la RA a beaucoup à apporter au niveau industriel : l’assistance technique, la sécurité et l’optimisation.

Nos efforts vont donc se focaliser surtout à développer des solutions autour de ces trois domaines, qui peuvent être appliqués partout dans l’industrie.

En nous projetant plus long à 10 ou 20 ans, quelle place imagineriez-vous pour la RA dans votre domaine ?

La tendance actuelle que nous voyons aujourd’hui dans l’industrie c’est de suivre petit à petit l’évolution qu’on a vécu, et nous continuons à vivre, dans la société : toute l’information est connectée entre elle, et disponible pour tous les utilisateurs. Cette tendance est connue dans l’industrie comme la quatrième révolution industrielle, ou Industrie 4.0.

Le vrai fond de cette révolution est la numérisation de l’industrie, et la migration vers des systèmes connectés de façon globale dans le domaine de l’industrie. Cette communication massive va nous obliger à étendre l’Internet à des systèmes et lieux du monde physique, ce que nous connaissons maintenant comme l’Internet des objets (IoT). Nous allons donc avoir un accroissement exponentiel du volume de données générées sur le réseau (machines, systèmes de contrôle, paramètres de productivité, etc.) qui vont devoir être stockés et traités, le concept du big data. Et cette grand mine d’information que nous allons avoir disponible, on va pouvoir l’exploiter. Et c’est là où la RA rentre dans le jeu.
Pour nous, la RA sera la technologie qui va nous permettre d’afficher toutes les informations dont on a besoin en temps réel et à l’endroit où cette information sera nécessaire. Et tout ça, bien sûr, sur des lunettes de RA intégrées dans ces systèmes intelligents.

Merci Ana pour toutes ces explications et rendez-vous sur le site de SIREA pour en savoir plus !

 

AR consultant & RA'pro president à GMC | Site Web | Plus de publications

Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.

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