Nous vous proposons aujourd’hui de rencontrer la jeune entreprise Smartpixels qui propose depuis peu une solution de réalité augmentée projetée dédiée, en partie, aux commerces.
Bonjour Julien, pourrais-tu nous présenter l’entreprise et ton parcours ?
J’ai étudié l’informatique à Telecom Paris, et suis également diplômé en physique et en infographie. J’ai travaillé dans les jeux vidéos, puis chez Mechdyne ou je suis devenu Vice Président en charge de la technologie et de l’innovation.
SmartPixels propose un service alliant la réalité augmentée et le mapping vidéo. Grâce à des capteurs liés à un projecteur, SmartPixels permet en quelque sorte de digitaliser l’apparence d’un objet. Cette technologie permet de projeter des images, des couleurs ou des vidéos en temps réel sur des formes complexes en mouvement.
Quelle est la technologie à la base des produits de Smartpixels ?
Notre technologie est en réalité du vidéo-mapping capable de se recalibrer en temps réel, en reconnaisant la forme et le mouvement d’un objet. Alors que le mapping traditionnel nécessite une calibration initiale puis un projecteur parfaitement immobile, et donc difficilement déployable et manipulable, nos projecteurs intelligents peuvent être manipulés par n’importe qui.
Quels sont vos marchés cibles ?
Nous visons les marques, les agences ou les designers qui cherchent à combler le fossé entre leur activité digitale et leur présence physique. La ruée vers le web et le mobile s’est fait en défaveur du monde réel depuis quelques années, or il devient de plus en plus clair qu’il est temps de revaloriser l’espace.
Nous nous tournons par exemple vers les magasins qui cherchent à innover en proposant une expérience de personnalisation de produit, similaires à celles que l’on trouve sur le web, mais directement en boutique, sur le produit.
Nous travaillons également avec les designers pour dresser un pont entre leur travail sur logiciel et la production d’objets réels. Nous leur permettons d’augmenter des maquettes qu’ils peuvent éditer directement, depuis leur logiciel de création. C’est comme retoucher la réalité.
Pourrais-tu nous décrire une installation que vous avez effectuée ? Quel est le besoin exprimé par le client ? Quel est son retour ?
Notre première installation dans le commerce a été faite au début de l’année 2016. Le magasin Bouton Noir, qui propose des vêtements personnalisables, a choisi de proposer à ses clients de configurer des chaussures, en choisissant la couleur et la matière sur un modèle réel disposant de trois ou quatre zones éditables. Grâce à des capteurs RFID, les clients peuvent sélectionner les matières et couleurs qu’ils souhaitent, et voir la chaussure prendre l’apparence de leur choix.
Bouton Noir était en effet à la recherche d’outils permettant à sa clientèle de se projeter et visualiser leur vêtement personnalisé, « en vrai » et non sur un écran. Le lien affectif et la facilité du choix devant la chaussure augmentée par SmartPixels sont un réel atout en ce sens, selon les vendeurs. Nous étudions actuellement la possibilité d’augmenter des chemises, toujours dans le but d’accompagner la personnalisation.
Sans dévoiler de secrets, quels sont les choses que vous allez améliorer ?
Dans les prochains mois, nous nous efforcerons à rendre la reconnaissance de mouvement et des formes toujours plus précise et rapide.
Notre objectif est que la technologie SmartPixels soit deployable le plus simplement possible, et nous sommes également sans cesse en train d’optimiser l’ergonomie et l’apparence de notre hardware, afin qu’il soit toujours plus simple et discret. Ce qui tient aujourd’hui dans un spot de théâtre (notre form-factor de prédilection) doit tenir d’ici quelques années dans un smartphone. C’est en tout cas notre vision.
De manière un peu prospective et dans le cadre du retail, peut on imaginer créer des vitrines complètes et des agencements intérieurs avec cette technologie ?
Nous pouvons tout imaginer. Et nous pourrions augmenter un magasin entier, avec grand plaisir ! Mais notre objectif est de représenter un avantage économique pour nos clients, et cela risque de coûter un peu cher en projecteurs… Pour l’instant il est question d’intégrer des objets augmentés dans le magasin, intégrés dans leur environnement, ce qui a pour effet d’accentuer l’effet magique et surprenant. Nous pouvons également augmenter des agencements, des produits qui s’animent en fonction des présentoirs, et vice-versa.
Y-a-t ’il d’autres domaines qui pourraient en tirer partie ?
Nous pensons par exemple au secteur culturel ; les musées, salles de concert et autres lieux publics cherchent de plus en plus à innover, à digitaliser l’expérience de visite. Si on admet que notre technologie aura bientôt l’encombrement d’une lampe de poche ou sera intégrée à un smartphone, des applications telles que la maintenance, la construction, la logistique sont possibles : tous les scenarios ou la projection de données digitales en contexte est pertinente.
Merci Julien pour ces éclaircissement et rendez-vous sur le site smartpixels.fr
PS : Pour les rencontrer, vous pouvez également passer sur la Startup Area de Laval Virtual 2016 !
Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.