Vous l’avez constaté, nous abordons sur ce site la réalité augmentée majoritairement sous l’angle des bénéfices, et ils sont nombreux. Cependant, comme toutes technologies, l’utilisation de la RA engendre un certain nombre de risques qui peuvent être liés soit aux technologies sous-jacentes (comme la sécurité informatique) soit aux nouveaux usages (comme la dépendance fonctionnelle). À l’occasion de la publication d’un article de synthèse sur le sujet par l’European Agency for Safety and Health at Work, nous allons prendre le temps de refaire le point.
Pour mémoire, nous travaillons sur le sujet des risques liés à l’utilisation de la RA depuis presque 10 ans chez RA’pro comme vous le montre cette arborescence que nous avons créée suite à un webinaire en 2015. Nous avons également évoqué plusieurs fois la partie juridique liée à ces risques.
Définir les types de risques
L’article classe les risques en quatre grandes catégories que vous pouvez visualiser sur le schéma suivant.
Risques physiques et ergonomiques
Les risques physiques et ergonomiques liés aux problèmes de confort et de santé découlant de l’utilisation prolongée d’équipements comme les casques de réalité virtuelle. Ces risques sont souvent liés à la conception des appareils, qui peuvent imposer des contraintes physiques sur les utilisateurs. Un employé utilisant un casque VR pour des sessions de formation prolongées peut ressentir une tension au niveau des yeux et des maux de tête après quelques heures, dus à la lumière émise par l’écran et au besoin de focaliser constamment sur des objets virtuels proches.
Risques psychosociaux
Les risques psychosociaux concernent les impacts sur la santé mentale et les interactions sociales des utilisateurs. L’immersion dans des environnements virtuels peut entraîner des sentiments d’isolement, de surcharge cognitive, voire de dépendance, affectant négativement le bien-être psychologique des utilisateurs. Un designer travaillant sur des projets VR peut se sentir isolé de ses collègues, car il passe la majorité de sa journée dans un environnement virtuel, limitant les interactions sociales réelles et augmentant son sentiment de solitude et d’anxiété.
Risques éthiques et légaux
Les risques éthiques et légaux liés à la XR impliquent la protection de la vie privée, l’inclusion, la sécurité des données collectées par les dispositifs XR, et les implications de la surveillance continue des employés. Ces préoccupations soulèvent des questions sur la manière dont les informations personnelles sont gérées et utilisées. Lorsqu’une entreprise utilise des lunettes AR pour faciliter les déplacements des travailleurs dans un entrepôt, elle collecte des données détaillées sur les habitudes de travail et les déplacements. Si ces données sont mal protégées, elles peuvent être exploitées de manière non autorisée, mettant en danger la vie privée des employés.
Risques biologiques
Les risques biologiques concernent la contamination par des agents pathogènes, notamment lorsque des équipements XR sont partagés entre plusieurs utilisateurs. Ces équipements peuvent devenir des vecteurs de transmission de maladies si des protocoles d’hygiène rigoureux ne sont pas respectés. Dans un centre de formation où les casques VR sont utilisés par différents employés tout au long de la journée, le manque de désinfection entre les sessions peut entraîner la propagation de bactéries et de virus, augmentant le risque d’infections oculaires ou cutanées.
Quelques manques à nos yeux
Vous noterez que dans notre ancien schéma, nous avions fait une distinction plus nette entre la partie éthique qui, pour nous, est lié à la volonté de « bien » utiliser les données et de s’assurer que l’utilisateur consente de manière transparente à l’utilisation, et la partie sécurité qui est une composante « traditionnelle » de tous les systèmes informatiques. Pour le dire plus clairement, on peut tout à fait avoir un système éthique / non protégé comme un système non éthique / protégé et les deux sont dangereux. Il nous semble important de distinguer les deux aspects.
Autre point qui nous parait important, l’impact sur la structure et les processus de l’entreprise elle-même. Une partie de la résistance aux changements provient de la difficulté d’adaptation de ces processus et il nous semble important de les prendre en compte même s’ils sont moins visibles que les autres.
Des pistes pour lutter contre ces risques
Dans cet article, nous pouvons trouver une belle synthèse des solutions possibles pour lutter contre l’ensemble de ces risques avec en particulier une partie consacrée à la régulation de ces usages. Sans entrer dans les détails qui sont particulièrement clairs dans le document, il convient de noter que ces régulations doivent apparaitre à la fois dans la loi (partie plutôt normative assurée par l’Europe et ses instances dédiées) et dans la rédaction de « bonnes pratiques » (partie plutôt assurée par les entreprises ou les structures les représentant comme l’AREA).
Notons enfin que l’article revient sur la nécessaire standardisation de la XR qui reste aujourd’hui encore en chantier. La création de ces standards est un moyen efficace de réduire l’ensemble des risques identifiés et de faciliter la pénétration de la technologie dans les entreprises.
Vous pouvez consulter le document complet à l’adresse suivante : « Worker exposure to virtual and augmented reality and metaverse technologies: How much do we know?«
Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.