Décidément, nous parlons beaucoup de lunettes de réalité augmentée ici, et encore depuis un peu plus d’un an et les annonces de Meta lors de la dernière Meta Connect. Il est clair que le sujet excite beaucoup les grandes entreprises du numérique car, en conjonction avec l’IA générative, ce matériel pourrait bien devenir le successeur de notre smartphone. Lors de la dernière édition de l’AWE une table ronde particulièrement intéressante était dédié à ce sujet. C’est le moment de vous en faire un petit résumé et de vous inviter à la regarder.
Il n’y avait que du beau monde sur ce panel « Beyond Passthrough: How New Display Technologies Can Shape the Future of AR Glasses » lors de la dernière édition de AWE. Sous la direction d’ Andrea Bravo (Metaverse Data & Ethics) se sont exprimés : Tomas Sluka (CREAL), Naamah Argaman (Meta), Marty Banks (UC Berkeley) et Avi Bar-Zeev (XR Guild). C’était l’occasion de refaire le point sur l’évolution de la RA, en particulier du point de vue des matériels et de l’adoption par le grand public, avec des personnes qui connaissent parfaitement le domaine. Comme vous pourrait le constater ci-dessous, ils mettent bien en lumière les défis techniques, sociaux et ergonomiques liés à leur développement. Ils insistent aussi sur les compromis nécessaires pour créer des lunettes AR acceptables pour un usage quotidien.
Pour résumer de manière assez succincte, il existe aujourd’hui deux manières de vivre une expérience de réalité augmentée avec un appareil personnel : le « pass-through » et le « see-through ».
La technologie « pass-through » utilise des caméras pour capturer le monde réel et le projeter sur un écran que l’utilisateur regarde en temp réel (smartphone tenu à la main ou sur des lunettes adaptées, casque de réalité mixte comme le Quest 3 ou le Lynx). Le calage entre la réalité (ici filmée) et les données numériques (les augmentations) est plutôt bon, le champ de vision est large et la résolution arrive presque à la limite de l’oeil humain. La contrepartie est un équipement plutôt encombrant et la dissimulation du visage de l’utilisateur qui rend difficile les interactions sociales. La technologie « see-through », elle, permet à l’utilisateur de voir directement à travers un écran transparent, sur lequel des éléments numériques sont superposés sur la réalité. On a donc un matériel plus naturel, plus semblable à des classiques lunettes, mais bien plus compliqué à réaliser techniquement. La gestion de l’occlusion, les ombres réalistes ou les conflits entre la convergence des yeux et la focalisation restent des défis à surmonter. En plus, sur des dispositifs aussi légers, on parle de 50 à 70g maximum pour éviter l’inconfort, la gestion de l’énergie et dissipation de la chaleur générée par les composants électroniques ne sont pas résolues.
Ces technologies sont aujourd’hui utilisées de manière complémentaire, mais si les experts s’attendent à une adoption plus généralisée dans les 5 à 10 ans à venir, cela ne pourra se faire que par le « see-through ». Pourquoi ? Parce qu’ils soulignent également l’importance de rendre ces lunettes de RA socialement acceptables. Cela signifie qu’elles doivent ressembler à des lunettes normales, légères et confortables, afin que les utilisateurs soient suffisamment à l’aise pour les porter en public (on parle bien de la personne lambda, pas de l’early adopter qui veut faire le buzz sur Instagram). Évidement, cette préoccupation implique par ailleurs de réfléchir à des systèmes pour protéger les données et de respecter la vie privée des personnes environnantes. Peut-on et doit-on flouter automatiquement les visages ? Quels sont les systèmes simples pour recevoir une sorte de concrètement des personnes ? Des questions qui ne révèlent pas de la technologie seule.
Les questions soulevées dans ce panel sont cruciales pour le développement de la RA. Elles donnent des pistes aux constructeurs et aux développeurs pour véritablement transformer notre manière d’interagir avec le monde. Comment s’assurer que les nouvelles technologies respectent la vie privée des utilisateurs tout en offrant des fonctionnalités puissantes ? Et surtout, comment faire en sorte que ces innovations ne deviennent pas seulement des accessoires de mode éphémères, mais des outils essentiels qui améliorent réellement notre quotidien ? Si ces défis sont relevés, les lunettes de RA pourraient bien devenir le prochain smartphone, une extension naturelle et indispensable de notre expérience numérique.
Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.
Bonjour
Je suis perplexe, face au gap qu’il y a entre les casques vr, et les lunettes, mais le gap technique et fonctionnel est surprenant, l’offre Meta/ray ban est juste…drôle
N’étant pas un pro de la vr, mais un électronicien ,je pense que cela fait la différence, mais j’ai du mal à comprendre, malgré tout
Bonne journée
C’est en effet tout le problème, trouver un équilibre entre les possibilités techniques et les attentes fonctionnelles.
Les lunettes de Meta sont intéressantes car ils ont choisi un compromis particulier très orienté vers l’ergonomie du matériel. Mais ce n’est qu’un premier pas (on en a parlé sur https://www.augmented-reality.fr/2023/10/meta-connect-2023-oui-mark-parle-bien-de-realite-augmentee/)
D’autres comme Xreal on fait d’autres compromis vers plus de fonctions (avec en pratique un écran) mais au prix d’un poids et d’une autonomie moindre (il faut une connexion).
Comme personne ne sais exactement le bon chemin à suivre, on a plein de tentatives. C’est assez grisant 🙂