AWE 2019 : Un résumé totalement subjectif !

La 10ème édition de l’AWE s’est déroulée en juin dernier à Santa Clara. Prêt de 7000 personnes sont venues parler de réalité augmentée et de technologies immersives. Ok, nous sommes très en retard pour vous en parler mais bon, mieux vaut tard que jamais! Et en plus cela vous permettra de préparer le rendez-vous européen les 17 et 18 octobre prochain à Munich.

Que retenir de cette riche édition ? Voici un bref résumé des choses qui nous ont parues les plus intéressantes en lien avec la réalité augmentée. Evidemment, ce n’est pas exhaustif et, pour compléter nos propos, nous avons posé (en fin d’article) 3 questions à Philippe Bornstein, membre de RA’pro, qui était sur place.

Comme tous les ans, la présentation de Ori Inbar donne le ton de la manifestation. Cette année, Ori a parlé principalement de “space computing” et d’ARcloud. Cela ne devrait pas vous surprendre puisque le sujet est brûlant depuis presque un an. La vision de ce “nouveau web” est particulièrement intéressante puisqu’il s’inclut naturellement dans l’espace autour de nous. C’est plus naturel, plus adapté à notre manière de percevoir le monde. Les technologies sont là même s’il reste beaucoup de choses à inventer, comme par exemple les interactions entre ces données et les humains. L’année 2019 sera celle des créateurs de ce nouveau continent pour Ori. Je pense que cela risque d’être vrai pour les suivantes 🙂

Cette notion de l’importance des créateurs n’est pas nouvelle non plus mais elle nous a semblé très présente sur les tables rondes et les conférences. Allan Cook (Deloitte Consulting LLP) a parlé de la manière de créer ce lien émotionnel dans la création immersive, car ce média est extraordinairement adapté à cela. Cela suppose de répondre à tout un tas de nouvelles questions : Est-ce que la liberté des utilisateurs des expériences 3D est compatibles avec la volonté de scénario de l’auteur ? Comment donner de la liberté à des gens sans les brider et est-ce qu’ils la veulent vraiment ? 

source : présentation de Allan Cook (Deloitte Consulting LLP

Vicki Dobbs Beck (ILMxLAB) reprend également cette discussion avec une position assez proche : l’utilisateur est le héros, il choisit ce qu’il fait. Au créateur de faire avec ! Les speakers parlent beaucoup d’histoires non linéaires mais qu’est-ce exactement ? Comment définir cette sorte de narration ? Les choses ne sont pas encore vraiment claires. Comment les créateurs eux-mêmes voient-ils ces nouvelles contraintes ? Vous faire un résumé de l’ensemble des sessions du “Creator Track” serait un peu long, nous vous invitons donc à consulter la playlist !

La présentation de Stephanie Llamas (SuperData) nous a donné des chiffres intéressants sur le développement des usages de la XR à travers un certain nombre de chiffres pertinents. Les projections sur les 5 prochaines années indiquent clairement une augmentation globale du marché (c’est un fait partagé par de nombreux analystes) mais les différentes domaines (RA versus RV ou hardware versus software) se comporteront bien différemment. Superdata envisage en particulier un tassement des revenus de l’AR mobile et une augmentation de ceux liés aux lunettes de réalité augmentée dans les 2 ans. 

source : présentation de Stephanie Llamas (SuperData

Nous vous conseillons également la présentation de Ray Soto (USA TODAY NETWORK / GANNETT) sur l’approche plus journalistique de la création de contenu. Le journal a commencé son utilisation de le RA très récemment et présente plusieurs tests de contenus.

Coté industriel, pas mal de présentations cette année encore avec tous les grands du secteur qui parlent de leur cas d’usages. Comme il est difficile de vous résumer tout cela nous vous conseillons en particulier la table ronde “AI in XR” qui va un peu plus loin et met en relation les thèmes pertinents aujourd’hui de ce secteur. En effet, l’IA est un compagnon pour agir dans un monde complexe, hors maintenant les environnements industriels sont complexes ! Le lien avec la RA est naturelle et cette combinaison va renforcer la collaboration entre humains et machines. Les visions de Jay Latta (STINT) et de Sanjay Jhawar (Realwear) sont particulièrement intéressantes et concrètes. Est-ce qu’à force de simplicité d’utilisation et d’ergonomie le couple IA+XR va nous permettre de nous concentrer sur les tâches que nous faisons le mieux ? Nous aurons la réponse dans les années qui viennent.

La présentation de Jim Heppelmann (PTC) nous a plus étonnée. En particulier l’organisation du framework où la première question de la partie stratégie est de choisir la technologie à utiliser … C’est complètement contraire à notre propre démarche où nous nous concentrons d’abords sur le problème à résoudre, ensuite sur les contraintes spécifiques pour finalement arriver sur la solution technique. Mais il est vrai que RA’pro ne vend pas de produits 🙂

On a vu aussi revenir dans pas mal de discussions le problème de la sécurité des données dans ce monde du spatial computing où tout sera par définition tracée, captée, enregistrée et  interprétée. C’est d’ailleurs une question intimement liée à celle de l’ARcloud (Open AR Cloud Panel ou AR Cloud SDK Roundup Panel). Aujourd’hui la confiance dans les géants du numérique est assez faible et pourtant ce sont ces mêmes entreprises qui sont en train de construire le “spatial computing” de demain. Tant que la monétarisation des données personnelles restera au coeur de leurs revenus, il est peu probable que le problème évolue. Beaucoup de choses sont complètement à revoir … 

Nous avons vu cette année encore beaucoup de propositions d’outils de création, de développement ou de déploiement de RA (nous préparons un catalogue d’ici la rentrée) comme  EchoAR, PlugXR, OVA (avec un robot virtuel robot commandé à la voix pour vous aider), Flow Immersive (qui cible plutôt les présentations et la dataviz, ca change!) ou de plus grands acteurs comme Adobe. Comme le dit bien un des intervenants, pour la démocratisation de la RA (et de la RV) :  “It’s not really AR, it’s more about spatial understanding”. Le marché de ces outils semble en train de se structurer même si les propositions restent nombreuses, relativement incomplètes et, of course, incompatibles en elles 🙂 Avec les tentatives de standardisation, il n’est pas impossible que quelques outils s’imposent dans les années qui viennent. Nous verrons alors une situation comparables au web d’il y a 10 ans : une partie des développements se feront sur des CMS de RA et le reste “à la main” avec des SDK. 

Nous avons également noté une confirmation de la tendance “concentrons nous sur le marché professionnel” dans cette édition, même si les propositions loisirs, jeux et sports deviennent de plus en plus crédibles. Ce n’est pas nouveau, on connaît cela depuis plusieurs années. Cependant, on peut se poser la question des conséquences à court et moyen terme de ce choix. Les professionnels utilisateurs croulent sous les propositions depuis un an. Il est peu probable que le marché puisse tout absorber. Comme, en plus, les usages professionnels ont généralement besoin de stabilité, il n’est pas impossible que cela fasse parfaitement le jeu des grands comme PTC, Google ou Microsoft. 

Voici les quelques éléments que nous avons tirés de cette édition de l’AWE mais, en fonction de votre intéret et de votre secteur d’activité,  il y a beaucoup de choses à découvrir en visualisant les vidéos de la chaîne Youtube. Rendez-vous en novembre prochain à Munich !

3 questions à Philippe Bornstein, CEO de Netineo et membre de RA’pro

Philippe Bornstein

Peux-tu nous décrire l’ambiance générale ?

Comme souvent aux Etats-Unis, l’édition 2019 de l’AWE a été très professionnelle (parfait respect des horaires, speakers sur entraînés, exposants à l’écoute et motivés…).

Comme à son habitude, Ori Inbar (le fondateur et grand prêtre de l’événement) s’est livré (en introduction et conclusion) à une grande incantation des Dieux XR pour mobiliser les disciples présents sur la promesse du super avenir qui leur est réservé. Et le public s’est prêté bien volontiers au jeu.

Les exposants sont plus nombreux qu’à l’édition européenne de Munich et avec une forte présence internationale. Les startups sans gros moyens sont regroupés dans une salle à l’écart. Les entreprises du jeu VR le sont dans un hall dans la pénombre pour renforcer l’immersion.

Le public, pour la plupart présent pour la première fois, est constitué d’entreprises spécialisées du secteur. Au final, les vrais clients sont difficiles à identifier si on a pas un stand.

Comment as-tu perçu la place de la RA dans l’événement ?

Dans le discours des officiels, on est passé à l’XR, peu importe ce que cela signifie et ce que l’on met dedans.

Dans les faits, la plupart des prises de parole parlent d’AR, certaines d’XR avec lunettes et AR Cloud, très peu de VR sauf dans une des salles de conférence dédiée au Gaming.

C’est sensiblement la même chose pour les exposants même si ce sont sur les stands de SmartGlasses où l’on voit des longues files d’attente pour tester les nouveautés.

Comme dans bien d’autres salons technologiques, ce qui font et feront le marché de l’AR (GAFA, Unity, Adobe…) ne sont pas exposants, sans doute au grand désespoir des organisateurs et des visiteurs.

S’il y a avait une seule chose à retenir ?  

Dorénavant, le marché mise sur l’AR / XR et envisage un développement rapide des usages grand public (ecommerce, entertainment et marketing) même si l’essentiel du business se fait dans l’industrie, le design produit, la maintenance… 

Les prises de position avérées des géants de l’Internet, qui misent à terme sur les Smart Glasses pour être la nouvelle plateforme d’accès à Internet, semblent confirmer cette tendance. Reste à développer les usages.

Quelques liens à consulter …

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Consultant réalité augmentée à GMC | Site Web | Plus de publications

Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.

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