Jean-Baptiste De La Rivière, responsable de la recherche et du développement de la société Immersion a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, et nous décrire votre parcours ?
Je suis responsable de l’activité R&D de la société Immersion. J’ai réalisé un cursus universitaire à l’université de Bordeaux 1, dont une thèse en réalité virtuelle dans laquelle je me suis penché sur l’utilisation d’analyse vidéo pour l’interaction dans des environnements de projection. Aujourd’hui, nous poursuivons ces problématiques à Immersion en cherchant, entre autres, à creuser les usages du tactile pour la réalité virtuelle et la réalité augmentée.
Depuis quand vous intéressez-vous à la réalité augmentée et pourriez-vous nous donner votre propre définition de ce concept ?
Pour moi, on parle simplement de réalité augmentée dès qu’on cherche à intégrer des informations synthétiques à notre environnement réel. Je ne suis pas partisan de chercher à délimiter plus précisément ce concept, l’important étant les applications que ces grands principes appellent, les moyens technologiques que ce domaine supporte ou les essais et prototypes qu’il motive.
Une petite présentation de la société Immersion ?
Immersion est une PME bordelaise spécialiste dans la fourniture d’interfaces de visualisation et d’interaction pour la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Nous connaissons les technologies disponibles, concevons de nouvelles solutions d’interaction et de visualisation, et avons la capacité d’intégrer tout ces produits dans des environnements sur mesure. Notre département R&D cherche également à proposer des interfaces innovantes et naturelles.
Quel est le business modèle de votre société ?
Nous sommes organisés autour des trois activités de négoce, dans laquelle nous distribuons des solutions sur étagère, de projets, où nous assurons l’étude, la réalisation et la maintenance de salles clés en main, et la R&D, qui aujourd’hui nous permet de proposer et commercialiser des produits propres.
Quels sont les principaux secteurs intéressés par la RA ?
Ce n’est pas à vous que j’apprendrais que toutes les activités touchant de près ou de loin à la communication, principalement, s’intéressent aujourd’hui à ce concept. Le domaine militaire motive également des principes d’applications emblématiques, tout comme celui de la maintenance. Mais j’ai surtout l’impression que la définition de la RA est assez large pour présenter des opportunités pour tout secteur intéressé par l’innovation et demandant la manipulation et/ou visualisation de données numériques.
Qui sont vos clients ? Quels types (collectivités, grand groupe, PME, …) ? Un marché est-il à prévoir pour les TPE, Artisans ou professions libérales ?
Nos clients se répartissent grossièrement entre les grands groupes et les laboratoires de recherche. Les outils sont aujourd’hui moins adaptés à des PME, alors que les principes de la RV comme de la RA leurs ouvrent tout autant de perspectives.
Y a-t-il des différences entre la RA grand public et la RA industrielle (grands groupes) ?
J’ai l’impression que la RA grand public se limite aux spots publicitaires et à l’incrustation temps réel d’éléments 3D par-dessus un flux vidéo, quand le milieu industriel va avoir une vision plus large et considèrera également des solutions plus emblématiques comme des casques semi-transparents. Je regrette cependant de voir que des visions différentes mais tout aussi pertinentes, comme l’augmentation dynamique d’environnements réels par projection, ne soient quasi pas associés au développement de la RA.
Pensez-vous que la RA « commerciale » (chocapic, Calvin Klein, italianWine, …) sert la RA ou au contraire ne lui est pas profitable ?
Dans un sens, si elle est bien utilisée, elle participe à la démocratisation de la technologie et sert ainsi le domaine, à l’image de la Wii ou de l’iPhone. Par contre, charge aux acteurs du secteur de démontrer et convaincre que l’application de ce concept ne se résume pas à poser quelques patterns dans un environnement et d’y associer des objets 3D dans une vidéo.
Pour revenir au concept même de réalité augmentée, quelle sera sa place à votre avis dans notre monde en 2030 ?
Je vois la réalité augmentée suivre le même chemin que des domaines comme la 3D ou même le numérique: ce sont des principes et technologies qui permettent de supporter des usages en rupture avec leur temps, qui mettent donc longtemps à être mûrs, mais sont inévitables dès lors que les usages corrects sont identifiés, acceptés et réellement exploités. La RA ne sera de la même façon clairement pas pertinentes pour toutes les applications et ne se substituera pas intégralement aux usages existants (le papier est loin d’avoir disparu, par exemple), mais offrira des fonctionnalités qui permettront d’aller plus loin et plus facilement, au-delà des quelques exemples que nous avons aujourd’hui.
Pouvez-vous nous parler du 3D Cubtile ? Dans quel contexte l’avez-vous déjà installé ?
Le cubtile a été conçu pour tirer parti des forces des interfaces tactiles multipoints dans la manipulation d’objets 3D. Une table tactile est une surface 2D, par nature donc limitée pour les interactions en 3D, alors que nous proposons un cube tactile multipoints qui offre 5 faces tactiles orientées selon les axes du repère 3D. Il a été dans un premier temps utilisé pour manipuler efficacement et avec un apprentissage très réduit des données 3D sur un écran de projection, le contenu n’étant plus sous les doigts. Nous l’avons récemment étendu avec des techniques qui pourraient s’apparente à de la RA en affichant l’objet manipulé non pas à l’intérieur du cubtile, mais à l’intérieur de son reflet dans un miroir. Les combinaisons de technologies d’interaction et de visualisation innovantes nous permettent ainsi de proposer une solution innovante qui est allé jusqu’à faire ressentir à certains l’impression de manipuler un hologramme.
Quelles sont les actualités d’Immersion ?
L’actualité la plus marquante de notre département R&D est le retour très favorable qu’ont reçu nos derniers développements de 3D sur table tactile à Siggraph, qui nous valent de présenter et démontrer nos expérimentations aux Emerging Technologies de la prochaine édition.
Je vais me permettre de vous renvoyer à la dernière version de notre newsletter, qui sera particulièrement complète (vous pouvez la consulter ici)
Le mot de la fin ?
Après que le numérique ai permis de dématérialiser les données, essayons de dématérialiser les interfaces entre mondes synthétiques et réels, et participons ainsi tous à l’évolution de la Réalité Virtuelle et de la Réalité Augmentée !
—
Toute l’équipe du blog adresse un grand merci à Jean-Baptiste pour sa patience et je vous propose de le découvrir dans cette vidéo :