Synthèse du RA’telier RA’pro du 9 juillet 2019 : formation et éducation

Voici une synthèse du RA’telier qui s’est déroulé le 9 juillet dernier sur le thème de l’éducation et de la formation. Beaucoup de choses se sont dites durant cette rencontre d’un peu plus d’une heure et vous ne trouverez ici que les grandes lignes des discussion. Toutefois, si vous avez des questions, n’hésitez pas à les poster en commentaire pour que les participants puissent vous répondre directement.

Introduction

Le sujet de l’utilisation des technologies immersives dans l’éducation n’est pas nouveau. On peut même dire qu’il date de la “préhistoire” du domaine dans les laboratoires de recherche. Cependant, ces 5 dernières années, nous avons vu apparaître de nombreux cas d’usages (en particulier dans la formation professionnelle) et, en parallèle, des études précises montrant les aspects positifs, en particulier dans l’efficacité de la mémorisation. Peu de doutes restent présents sur l’intérêt des technologies immersives dans la formation même si les performances sont très hétérogènes et dépendent de nombreux facteurs : domaine de formation, public visé, scénarisation, pédagogique, matériel, logiciel, ergonomie, etc.

Autre point important à prendre en compte, les limites entre formation, éducation et, dans les industries, exécution opérationnelle des gestes techniques, sont très floues. C’est un avantage car des méthodes et des outils peuvent être utilisées dans plusieurs contextes différentes et engendrer des économies d’échelle. Cependant dans un monde de la formation/éducation encore très cloisonné, cette polyvalence n’est pas souvent comprise et utilisée. 

Les technologies 

Sans entrer dans les détails, tout le spectre des technologies immersives est utilisable en formation : RA, RV, RM, XR, 360° (interactif ou pas, c’est souvent simple à mettre en oeuvre), photogrammétrie (de plus en plus abordable), etc.  

source : Foxar

Mais si les périphériques de RA sont encore peu matures, en particulier les lunettes, ils sont utilisables dans des conditions contrôlées. En passant par le smartphone ou la tablette, cela devient assez simple de déployer de la réalité augmentée. Pour la RV, les périphériques existent et sont dans l’ensemble de bonne qualité. L’arrivée cette années des casques vraiment autonomes (HTC, Oculus,etc.) a encore facilité les usages.

Pour les logiciels de création, c’est un peu moins facile même si on voit de plus en plus d’outils de création simples à utiliser. Ils sont de plus en plus adaptés aux producteurs de contenus. Les dernières évolutions de Snappress par exemple montrent ce que peut être une intégration de la RA dans les éditions de la presse de formation. Coté industriel, les fournisseurs de solutions comme Microsoft, Daqri, PTC, Robocortex, Diota et les autres adaptent également leur outils pour la formation.

Source : Robocortex

Il reste la question de l’industrialisation de la production des contenus et de la possibilité de diminuer les coûts unitaires. Nous avons quelques exemples comme les offres de Laval Virtual University développées avec Orange (utilisation massive dans une entreprise) ou les possibilité d’utiliser la réalité virtuelle pour les formations professionnelles “classique” comme l’incendie ou les premiers secours (utilisation massive multi-entreprises). Ici également le développement des outils de création va probablement permettre la création de beaucoup de contenus. 

Marchés, compétences et évolutions 

En France (et en Europe) nous sommes dans une période d’importante réformes de la formation professionnelle. Le monde de l’éducation se pose également beaucoup de questions sur les évolutions de ces méthodes et des technologies. C’est une excellente opportunité pour les nouveaux acteurs, en particulier ceux venant des métiers de l’ingénierie, de la création ou de l’image. 

A contrario, cela implique aussi que de nombreuses propositions vont venir d’acteurs qui n’ont pas d’expérience de formation et qui investissent le domaine par pur opportunisme. “Malheureusement”, les technologies immersives semblent être à la mode dans les services RH et, l’attrait de la nouveauté engendre souvent des produits au mieux inutiles, au pire contre productifs. Comme il n’y pas pas de label ou de certification aujourd’hui dans le domaine, nous allons rester quelque temps dans la flou. On note cependant que des initiatives des professionnels du secteur émergent pour organiser les choses et donner des clés de lectures aux usagers.

Notez que RA’pro soutient la création et le développement de l’association « France Immersive Learning » dont l’objectif est de contribuer à structurer une filière d’excellence de l’Immersive Learning, en mesure de répondre aux besoins nationaux et francophones, mais aussi de conquérir les marchés internationaux.
« L’Association France Immersive Learning se donne pour mission de réunir, coordonner et représenter les écosystèmes de production et d’usage, mais également de se positionner comme tiers de confiance vis-à-vis des pouvoirs publics et des financeurs afin de concourir à l’établissement d’un modèle économique profitable à tous. »

Quelle est la position des acteurs historiques de la formation et de l’éducation ? Elle est très hétérogène et dépend encore beaucoup de volontés individuelles. Dans l’éducation nationale, des professeurs de tous les niveaux testent de la réalité augmentée et de la réalité virtuelle dans leurs cours depuis des années, mais on voit très peu de d’incitation au niveau des rectorats ou des établissements (cela change quand même depuis un an). Dans les organismes de formation professionnelle, on retrouve les mêmes comportements.

Quelles sont les bonnes pratiques ?

Nous avons évoqué beaucoup d’astuces et de choses à faire pour qu’un projet de formation/éducation utilisant les technologies immersives ait le maximum de chance de succès. Les voici structurés en trois grands domaines.

La conception

Dans beaucoup de domaines, cette étape qui fixe la compréhension entre un utilisateur et un prestataire est cruciale. Dans les technologies immersives c’est encore plus le cas ! En effet, l’utilisateur doit pouvoir tester les capacités réelles de son fournisseur, souvent avec une vision très légère du domaine et sans certificat ou label de qualité. Le prestataire de son côté doit souvent expliquer les limites de la technologie et remettre les pendules à l’heure entre les outils « sur étagère » prêt en 1h et les recherches de laboratoire à imaginer sur 5 ans …  

De plus, cette conception ne va souvent pas concerner que le produit final mais tous les éléments collatéraux (coûteux en temps et en argent) qui vont être nécessaires à la mise en place : l’adaptation des contenus qu’on croyait avoir, la formation des encadrants, l’entraînement du l’équipe de direction qui promet toujours d’être motrice mais qui à des millions de choses à faire, la maintenance opérationnelle des matériels qui souvent sont un peu plus compliqués à opérer que des ordinateurs, la suivi/amélioration du logiciel qui a déjà 2 versions de retard à la sortie du POC …

Il y a pas mal de choses à discuter entre les acteurs du projet, ce qui encourage plutôt une relation de long terme et une confiance réciproque. Il est important de se baser sur l’existant et de considérer les contenus comme des investissements. Le prestataire doit ici se montrer particulièrement à l’écoute du client et faire preuve d’une bonne dose d’empathie.

Evidemment, dans la formation, il y a aussi le problème de la certification ou au moins de la mesure de l’efficacité des solutions proposées. Il faut donc prévoir dès le début des méthodes de validation.

La mise en oeuvre 

Dans la vraie vie, les outils sont utilisés, les machines tombent en panne, les logiciels bugs, etc. La mise en oeuvre est une phase cruciale de la crédibilité du projet et, pour faire court, les compétences d’un studio de création ne sont pas celle d’une équipe de maintenance informatique. Il convient donc d’avoir les compétences nécessaires à la mise en place et au suivi opérationnel des formations. 

Il est impossible de prévoir à 100% les réactions des utilisateurs. Certains peuvent être enthousiastes et d’autres complètement réticents ou même simplement mal à l’aise, surtout avec l’utilisation de casques de VR ou de lunettes de RA. Des ateliers de “découvertes” simples peuvent être utiles, pas exemple sous une forme ludique juste avant la session de formation. Cela évite aux participants de se sentir “ridicules” avec tout un matériel exotique sur la tête 🙂 Le maître mot est de dédramatiser l’utilisation !

Pour le plus réticents qui ne veulent rien sur eux ou pour ceux qui ne supportent pas l’immersion, autant prévoir tout de suite un “plan B”, par exemple avec des écrans de retransmission , une version plus classique sur ordinateur ou l’utilisation de smartphones ou de tablettes.

Le déploiement 

Une phase de test réussie doit normalement être suivie par un déploiement à plus grande échelle des outils. Il est donc nécessaire pour le prestataire de prévoir dès le début une certaine scalabilité dans ses propositions : Aujourd’hui vous pilotez 20 casques sur un lieu mais êtes-vous capables d’assurer le même service avec 1000 casques sur 50 lieux à travers le monde ?

Autres questions potentielles …

L’utilisation de l’immersion touche directement aux émotions et les réactions sont très personnelles. Comment prévoir ces réactions ?

L’utilisation de l’immersion par les enfants ou les personnes mineurs est encore un sujet de débat. Peu d’études existent sur ce sujet.

Non-conclusion 🙂

Vous l’avez compris, le débat a été riche pour ce RA’telier et tous les participants ont apporté à la fois des questions et de réponses.

A vous maintenant de poser en commentaires vos propres interrogations et à partager vos expériences !

AR consultant & RA'pro president à GMC | Site Web | Plus de publications

Grégory MAUBON est consultant indépendant en réalité augmentée (animateur et conférencier) depuis 2008, où il a créé www.augmented-reality.fr et fondé en 2010 RA'pro (l'association francophone de promotion de la réalité augmentée). Il a aidé de nombreuses entreprises (dans plusieurs domaines) à définir précisément leurs besoins en réalité augmentée et les a accompagnées dans la mise en œuvre.

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